L’évasion de Jorge Glas, ex-vice-président de l’Équateur, de sa détention, à sa fuite en passant par l’incursion subséquente des forces équatoriennes dans l’ambassade du Mexique ont suscité un conflit diplomatique. Ces événements ont captivé l’attention internationale et ont ravivé les tensions politiques. Cette situation sans précédent dans l’histoire de la diplomatie internationale soulève une multitude de questions cruciales, mais nous nous concentrerons exclusivement sur les faits, afin d’offrir une compréhension claire et objective des événements en question.

Points Importants à Retenir :

Jorge Glas, ancien vice-président de l’Équateur, a été condamné à la prison pour des affaires de corruption.
Après avoir été libéré sur parole, il a trouvé refuge à l’ambassade du Mexique à Quito en tant que “hôte”, demandeur d’asile politique.
Le conflit diplomatique entre l’Équateur et le Mexique a été exacerbé par l’arrestation de Glas à l’ambassade mexicaine.
Le Mexique a accordé l’asile politique à Glas, malgré la déclaration de “persona non grata” de son ambassadrice à Quito par le gouvernement équatorien.

Ex vice-président Jorge Glas (Crédit : El Universo)

Deux perspectives contradictoires : Conflit autour de l’asile de Jorge Glas

D’un côté, le gouvernement équatorien insiste sur le fait qu’un individu condamné en liberté conditionnelle et qui fuit son pays est considéré comme un fugitif et un évadé. Cette interprétation découle de la violation des conditions de libération en quittant illégalement le territoire où la peine doit être purgée. De plus, l’annonce de la déclaration de “persona non grata” de l’ambassadrice en date du 4 avril a ajouté une complexité supplémentaire. Selon la Convention de Vienne, cette déclaration pourrait invalider la demande d’asile de Jorge Glas, hébergé à l’ambassade du Mexique à Quito. L’Équateur a de plus invoqué la Convention de Caracas sur l’asile politique (1954), qui stipule : “Il n’est pas légal d’accorder l’asile à des personnes qui, au moment de la demande d’asile, sont accusées ou font l’objet de poursuites devant les tribunaux ordinaires compétents pour des crimes ordinaires, ou qui ont été reconnues coupables de tels crimes et condamnées par ces tribunaux, sans avoir purgé les peines respectives.”

D’un autre côté, depuis le dépôt de sa demande d’asile le 17 décembre 2023, Jorge Glas est resté en tant qu’invité au sein de l’ambassade, et la demande d’asile a été accordée le 5 avril. Le gouvernement mexicain, invoquant les dispositions de la Convention sur l’Asile Diplomatique de 1954, rappelle que le Mexique est seul habilité à qualifier la nature de la persécution contre les demandeurs d’asile politique. Selon cet accord international, la décision de maintenir l’asile doit être respectée par l’État territorial, en l’occurrence l’Équateur. Une fois l’asile accordé, l’État asilant peut demander le départ de l’asylum vers un territoire étranger, et l’État territorial est tenu de délivrer immédiatement le sauf-conduit correspondant. La déclaration d’asile politique est un acte souverain de l’État et logiquement non soumis à un examen par le pays d’où la personne serait en fuite. Le gouvernement mexicain a également rappelé que l’ambassade est considérée comme un territoire étranger appartenant audit pays de l’ambassade et qu’elle est préservée sous la Convention de Vienne.

Ces deux points de vue opposés reflètent la complexité du conflit autour de l’asile de Jorge Glas et mettent en lumière les tensions diplomatiques entre l’Équateur et le Mexique.

Vendredi 12 avril, la justice équatorienne a qualifié l’arrestation de Glas dans l’ambassade du Mexique à Quito d”illégale et arbitraire” faute d’émission d’un mandat de perquisition par un tribunal compétent.

Intrusion des forces armées équatoriennes dans l'ambassade du Mexique à Quito — Intrusion des forces armées équatoriennes dans l’ambassade du Mexique à Quito (Crédit : El Universo)

Chronologie des événements

Condamnation et Liberté Conditionnelle : Jorge Glas a été condamné à six et huit ans de prison ferme pour des affaires de corruption. Incarcéré à la prison de la Roca, il a été libéré sur parole avec l’obligation de se présenter une fois par semaine.
Asile Politique : Après avoir déposé une demande d’asile politique le 17 décembre 2023, Jorge Glas a été accueilli à l’ambassade du Mexique en tant qu’invité (“hôte”). Il est demeuré au sein de l’ambassade en attendant la décision sur sa demande d’asile.
Déclaration de Persona Non Grata : Le 4 avril 2024, en réaction aux déclarations du président mexicain concernant les élections anticipées d’août 2023 et l’assassinat d’un ancien candidat à la présidence, le gouvernement équatorien a déclaré “persona non grata” l’ambassadrice du Mexique à Quito, Raquel Serur Smeke. Il lui a été demandé de quitter le territoire.
Asile Accordé par le Mexique : Le 5 avril, la demande d’asile de l’ancien vice-président Jorge Glas a été acceptée par le gouvernement mexicain. En conséquence, le Mexique a immédiatement sollicité un laissez-passer à l’Équateur.
Intrusion dans la l’ambassade du Mexique : Dans la nuit du 5 au 6 avril 2024, les forces équatoriennes ont fait irruption dans l’ambassade mexicaine.
Fuite et Retour en Prison : Jorge Glas a été capturé le 5 avril 2024 à l’ambassade du Mexique à Quito, puis ramené à la prison de La Roca le 9 avril après avoir été libéré de l’Hôpital Naval, où il avait reçu un congé médical.
Demande de “Habeas Corpus” : Le 7 avril, la défense de Jorge Glas a déposé une demande de “habeas corpus” qui sera examinée par l’Unité Judiciaire Spécialisée des Garanties Pénitentiaires basée à Guayaquil. Malgré cela, l’ancien vice-président reste détenu à la prison de La Roca.