Légendes d’Équateur #2 – Les mythes et contes folkloriques d’Équateur

L’Équateur, un pays à la culture riche et diverse, source de nombreuses légendes

L’Équateur est un pays qui regorge de cultures différentes, et chacune de ses régions reste très fortement attachée à ses origines et traditions. Ce mélange de cultures a donné naissance à une quantité impressionnante d’histoires imprégnées de mythologie inca et coloniale, qui forment une mythologie des plus intrigantes, à laquelle participe chaque village.

Certains de ces contes ont donné naissance à des festivals (la Diablada de pillaro par exemple, ou la Mama Negra, à découvrir dans notre calendrier des évènements culturels ), et d’autres servent à faire frissonner les plus jeunes afin de les tranquilliser le soir venu!

Nous vous proposons la première partie d’une belle collection des des mythes et légendes encore bien connus de tous les équatoriens aujourd’hui!

Les mythes et légendes d’Équateur

Cantuña et son pacte avec le diable

Cantuña était une figure indienne emblématique ayant vécu durant l’époque coloniale, et qui fut chargé de la construction de l’atrium de l’Église San Francisco de Quito.

Cantuña. légende indienne d'Équateur
Cantuña. légende indienne d’Équateur

En échange de son engagement à terminer rapidement cette oeuvre majeure, en moins de 6 mois, Cantuña reçut la promesse d’un excellent paiement. Affolé par le manque de progression de son oeuvre, l’on dit que Cantuña prit alors la décision de vendre son âme au diable afin que toutes les pierres de l’atrium soient posées à temps.

Suite à ce pacte scellé avec Lucifer, de nombreux petits démons firent leur apparition pour travailler sur la construction la nuit tombée. Voyant que l’oeuvre allait effectivement se terminer dans les temps grâce à cette aide démoniaque, Cantuña prit peur pour son âme. Il décida alors de tromper le Diable lui-même, en cachant l’une des pierres de la construction.

Lorsque Lucifer vint réclamer son dû, Cantuña pointa du doigt l’oeuvre incomplète. Lucifer, furieux d’avoir été roulé dans la farine par un simple mortel, repartit en enfer les mains vides!

La girouette de la cathédrale de Quito

Légendes d'Équateur - la girouette de la cathédrale de Quito
Légendes d’Équateur – la girouette de la cathédrale de Quito

Durant l’ère coloniale de Quito, un puissant et riche homme habitait la ville, dont la fortune n’avait d’égal que son orgueil et sa suffisance. Il n’hésitait pas à insulter et critiquer tous ceux qui croisaient son chemin, comme il se croyait l’homme le plus important du monde.

Son arrogance et irrespect envers les gens était tel qu’un jour, rentrant ivre chez lui, il s’arrêta face à la majestueuse girouette en forme de coq de la cathédrale de Quito. Il l’observa quelques instants et des insultes sortirent de sa bouche “Ce coq est pathétique” “Quelle blague ce coq ridicule” “On dirait plus un minuscule coq qu’autre chose”!

A la stupeur de l’homme, le coq prit alors vie et sortit de la girouette, l’attaquant férocement. Le malheureux fut blessé de toute part avant que le coq ne retourna à sa position originelle.

Le matin suivant, l’homme se réveilla avec des blessures et du sang sur tout le corps. Il ne sut jamais dire s’il fut vraiment attaqué par le coq ou si tout fut le fruit de son imagination alcoolisée, mais depuis ce jour, il ne passa plus jamais devant la cathédrale et n’ouvrit plus jamais son bec pour humilier autrui!

La demoiselle de Pumapungo

Pumapungo, situé à Cuenca, constituait l’un des temples et centres de détente favoris des empereurs Incas.  La décoration des lieux était éblouissante, et il est encore possible aujourd’hui d’en parcourir les ruines. Une source sacrée courait sous les lieux, dont seuls les empereurs avaient le droit de profiter à l’époque.

Légendes d'Équateur - La demoiselle de Pumapungo
Légendes d’Équateur – La demoiselle de Pumapungo

Sur place se trouvaient des jeunes filles/demoiselles (“Doncellas”), connues comme les Vierges du Soleil, qui apprenaient depuis leur plus jeune âge des habilités artistiques destinées à amuser les Empereurs.

L’une de ces Vierges du Soleil de Pumapungo, Nina, tomba amoureuse de l’un des prêtres du temple, bien que cela était interdit. Le couple hors-la-loi se réunissait durant les nuits de pleine lune dans les jardins. Lorsque l’Empereur apprit la nouvelle, il fit executer le prêtre, mais fit en sorte que Nina ne soit pas informée de la mort de son amant. La jeune fille, voyant que son amoureux ne se rendait plus à leurs rendez-vous, mourut de peine.

L’on dit que jusqu’à aujourd’hui, durant les nuits de pleine lune, il est encore possible d’entendre les lamentations de Nina dans les ruines du temple.

Le Guagua Auca

Le guagua auca, légende terrifiante d'Équateur
Le guagua auca, légende terrifiante d’Équateur

La légende dit que le Guagua (enfant en Kichwa) Auca est un démon créé à partir de l’âme d’un enfant qui est né et décédé sans avoir été baptisé. Cet être effrayant terrorise les passants sur les routes tard le soir. Il les interpelle au travers d’un cri aigu et persistant qui désespère quiconque l’entend.

Ceux qui se mettent à chercher l’origine du cri, finissent par trouver ce qui semble être un enfant enveloppé dans un drap. Quelques instants plus tard, les malheureux découvrent avec stupefaction que la physionomie de l’enfant se transforme en ce qui est en réalité un démon blotti dans leurs bras.

L’on raconte que de nombreuses malheureuses victimes ont été retrouvées au bord des routes les yeux écarquillés et la bouche remplie de mousse.

 

L’origine des Cañaris

Les cañaris étaient une ethnie ancienne d’Équateur, présente dans les actuelles provinces d’Azuay et de Cañar. Le mot cañari provient des descendants de la couleuvre et de la guacamaya (espèce de toucan), ce qui nous donne quelques indications sur la légende qui entourent ses origines.

La légende de l'origine du peuple Cañari
La légende de l’origine du peuple Cañari

Selon la légende, Pachamama (la Terre Mère) envoya sur ces provinces un déluge incroyable qui recouvrit jusqu’à la cime de la plus haute montagne. Toute la région fut détruite, et seuls deux frères survécurent, contraints de vivre au sommet de la montagne jusqu’à ce que le niveau de l’eau descende.

Sur le point de mourir de faim, les deux frères découvrirent une cave où ils trouvèrent de la nourriture. Le jour suivant, ils y retournèrent et y trouvèrent de nouveau, avec stupeur, de la nourriture prête. Ils ne comprenaient pas d’où provenaient ces repas prêts pour eux, jusqu’à ce qu’un jour, ils aperçurent deux femmes aux formes de Guacamaya, et se rendirent compte que ces dernières préparaient leur alimentation chaque jour.

Les deux frères et les guacamayas tombèrent amoureux et eurent beaucoup d’enfants, qui furent les premières populations de la région moderne de Cañar.

Umiña, la Déesse de Manta

La divinité Umiña est un personnage légendaire de la croyance populaire équatorienne. Elle était perçue comme la Déesse de la Santé et de la Culture de Manta, qui se développa sur la côte équatorienne entre 500 av. JC et l’an 1500.

La légende raconte que l’un des chefs (Caciques) de la tribu des Mantas, appelé Shygui, se maria avec une humble mais très intelligente femme, avec qui il eut une fille aux yeux admirablement vers, qu’ils nommèrent UMIÑA. La mère d’Umiña était une guérisseuse et prêtresse de JOCAY, et Umiña suivit ses pas en exerçant plus tard le même labeur.

Lorsqu’Urmiña fêta ses 21 ans, sa mère décéda, et la jeune fille resta seule avec son père. L’année suivante, les amis du chef de tribu recommandèrent à ce dernier de prendre pour épouse une autre femme, sorcière de la tribu.

La nouvelle épouse fut mal reçue dans le village du fait de son mauvais caractère. Toute l’attention de ces derniers se porta sur Urmiña, qui avait consacré sa vie à aider les villageois et s’assurer de leur bien-être, que ce soit via des services médicaux ou religieux, en continuant ainsi l’oeuvre caritative de sa défunte mère.

Urmiña, Déesse de la Santé d'Équateur
Urmiña, Déesse de la Santé d’Équateur

La belle-mère d’Urmiña jalousa sa belle-fille du fait de sa célébrité, et décida en représailles d’ensorceler le chef de la tribu, qui influença Shygui de telle sorte que ce dernier dicta une sentence contre sa propre fille. Urmiña fut condamnée à être attachée sur un radeau, emmenée en mer durant 3 jours, puis abandonnée sans eau ni nourriture. Ce décret fut exécuté partiellement.

La gratitude des soldats envers Urmiña leur interdit de lui donner la mort, et ces derniers la conduisirent après 3 jours à une tribu voisine depuis laquelle elle fut alors reconduite chez elle saine et sauve.

Son père Shygui décréta alors qu’elle soit emmenée sur la plus haute montagne et soit attachée et abandonnée dans les neiges de son sommet, sans couverture ni aliments. Après trois mois, elle réapparut une nouvelle fois dans la tribu en expliquant qu’un condor l’avait escortée. Tout le village de Jocay la reçut avec joie, après avoir pris connaissance du châtiment qui lui avait été infligé.

La sorcière, furieuse d’avoir été moquée de la sorte, tenta de forcer son époux à condamner sa fille à mort. Cependant, ce dernier, rétabli et guéri du sortilège qui lui avait été jeté, décida de se venger contre sa femme, et l’expulsa de sa maison après l’avoir punie. La sorcière le menaça alors et lui prédit une mort sous trois lunes.

En effet, trois jours plus tard, alors que Shygui dormait paisiblement au petit matin, la sorcière l’attaqua et le poignarda à mort. Urmiña, qui dormait alors dans une autre maison, se rendit compte immédiatement de ce qui était en train de se passer, et appela les soldats du village pour capturer la sorcière.

Cent soldats la poursuivirent jusqu’aux abords du village, sur un sommet alentour, mais revinrent bredouilles en racontant que la sorcière s’était transformée en un loup féroce.

Le cacique Shygui fut enterré dans sa propre maison et Urmiña ne put s’en remettre. Elle mourra de chagrin après quelques jours sans que personne ne put la consoler, en refusant de se nourrir, et après avoir ordonné que personne ne déplace son corps après sa mort.

Les habitants du village obéirent aux ordres de la Déesse Umiña. Peu de temps après son décès, ils se rendirent compte que le coeur d’Urmiña ne souffrait pas de décomposition, et s’était à place transformé en une pierre rouge de la taille d’un poing, en restant intact avec deux points verts sur sa partie supérieure. Ces deux points recouvrirent peu à peu tout le coeur, le transformant alors en une belle émeraude.

Le nouveau Cacique prit alors l’émeraude dans ses mains, et appela un orfèvre, pour que ce dernier taille dans la moitié supérieure de la pierre précieuse le buste d’Urmiña. Un magnifique temple fut créé afin que cette dernière soit admirée comme une Déesse.

Depuis ce moment, tout malade qui touchait l’émeraude était immédiatement guéri. La Déesse de la Santé devint célèbre sur tout le Continent, jusqu’au Pérou, au Mexique et en Amérique Centrale, et les malades se bousculaient pour se rendre en temple, avec des offrandes faites de petites perles et d’or en poudre.

L’origine du nom de Guayaquil, la légende de Guayas et Quil

Guayas et Quil
Guayas et Quil

L’un des mythes les plus populaires sur la côte équatorienne, et encore transmis aux enfants d’école primaire, est celui de Guayas (grand chef de tribu indigène qui lutta contre les incas puis contre les colons espagnols) et de Quil, son épouse, qui fut selon la légende assassinée par son époux afin d’éviter qu’elle ne soit capturée par les conquistadors.

Cependant, en dehors de cette légende, les historiens semblent affirmer que le nom de la ville de Guayaquil viendrait étymologiquement des termes “hua” – Terre, “Illa” – belle prairie, et “Quilca” – l’un des affluents du Río Guayas où était étable la tribu nommée Quilca, jusqu’à sa destruction au XVIIème siècle. Le nom de Guayaquil signifierait donc  “une terre si belle comme une prairie dans le territoire des Quilcas”.

 

Nous préférons malgré tout la version plus romantique des deux valeureux époux!

A l’époque des conquêtes et de l’arrivée de Sebastián Benalcáar, de nombreux affrontements eurent lieu entre la tribu Quilca sur la côte équatorienne, dans le but de pouvoir établir la ville de Santiago (aujourd’hui Guayaquil). Le vaillant chef de tribu nommé Guayas, n’était pas du tout prêt à laisser faire les espagnols, ni son épouse Quil, une belle et courageuse femme guerrière. Les deux époux furent de grandes figures de la résistance des peuples natifs.

Malheureusement, les deux furent arrêtés par les colons. Guayas, étant au courant du côté fort avare des espagnols, offrit à Benalcazár et à ses hommes tous ses trésors en échange de sa femme et de sa vie. Ils les conduisirent alors au mont Cerro Verde (aujourd’hui appelé Santa Ana). C’est sur ces lieux que Guayas se saisit d’un couteau pour soulever la pierre qui couvrait l’entrée menant à ses trésors cachés. Mais au lieu de livrer les pierres précieuses aux espagnols, se dernier tua son épouse avant de s’ôter lui-même la vie, symbolisant par cet acte le refus d’une vie de soumission. L’on dit que les deux corps tombèrent dans l’actuel Río Guayas, alimentant la légende autour de la naissance de la ville de Guayaquil.

Un monument est aujourd’hui érigé en leur honneur dans une zone de fort transit de Guayaquil, entre le pont de la Unidad Nacional et les avenues Pedro Menéndez Gilbert et Benjamín Rosales . Il s’agit d’une imposante statue de bronze de plus de 30 mètres réalisée par l’artiste Edgar Cevallos, montrant Guayas étendant une lance protectrice devant son épouse, qui porte dans ses bras un enfant. Les Guayaquileños aiment faire référence à cette légende qui symbolise à la fois leur caractère fier et insoumis, mais aussi l’importance de la femme Guayaquileña, digne et ferme.

Sources:

http://tradicionoral-leyendas-de-ecuador.blogspot.com/2018/06/leyenda-de-cantuna.html

https://www.google.com/url?sa=i&url=https%3A%2F%2Fdspace.ucuenca.edu.ec%2Fbitstream%2F123456789%2F397%2F1%2Ftesis.pdf&psig=AOvVaw07IHfhSSaUB0rTwlOMWzpW&ust=1616011286620000&source=images&cd=vfe&ved=0CA0QjhxqFwoTCNjb0q7Nte8CFQAAAAAdAAAAABAD

https://topmitologias.com/c-mitologia-ecuatoriana/leyendas-ecuatorianas/

https://leyendasdeecuador.club/leyenda-de-la-diosa-umina/

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